La fête de la mi- automne (zhong qiu jie中秋节) célèbre la fin des
travaux des champs dans le calendrier agricole chinois. Elle tombe cette année
le 4 octobre 2017. Il est de coutume que les familles, les amis et les
collègues s’offrent mutuellement des yue bing月饼,
la galette de lune, la pâtisserie rituelle de cette fête. Le soir venu, les
familles se retrouvent ensemble pour admirer la lune, déguster la galette de
lune avec un thé et penser aux êtres chers qui sont au loin. Ainsi, cette fête
symbolise aussi la réunion familiale. La galette de lune traditionnelle
chinoise est composée d’une pâte croustillante, avec une farce de crème de
légumineuse à base de haricot rouge, de soja, de graines de lotus enrichie ou
non de noix, de graines ou de jaune d’œuf salé.
Ces galettes de lune, logés
dans de très jolies boîtes en carton ou en fer décorées sont en vente
actuellement dans toutes épiceries chinoises de Paris.
Si en recevoir et en
offrir est un privilège et un plaisir jusqu’à présent, les préoccupations
écologiques risques de mettre fin à cette tradition.
Ce phénomène s’observe
surtout à Hong Kong où depuis quelques mois, apparaissent sur les réseaux
sociaux le slogan « Je ne souhaite recevoir ni offrir des galettes de
lune 我不送不收月饼». Les problèmes de déchets liés à la célébration
de cette fête sont alarmants d’après l’étude
de Green Power. L’étude révèle qu’au-delà du rituel
social d’en offrir, la majorité des galettes de lune ne sont jamais consommées
et jetés. Il est estimé à plus de 1,8 millions de galettes jetées. Avec les
dernières innovations en marketing pour la vente de ces gâteaux, le deuxième
reproche est le suremballage. Chaque galette est conditionnée dans des étuis en
plastiques, logé ensuite dans des boîtes métalliques ou en cartons
sophistiquées, avec des couverts jetables.
Ainsi, la production, l’emballage,
le transport, l’élimination des déchets de ces galettes de lune génèrent
beaucoup d’émissions de dioxyde de carbone, avec des matériaux parfois non
recyclable. Ce slogan de « Je ne souhaite recevoir ni offrir des galettes
de lune» a au moins le mérite de limiter les dégâts. Certains points de vue
sont même très durs envers cette pauvre galette de lune, la taxant d’être
lourde et indigeste, grasse et mauvaise pour la santé, en plus de polluer la
planète ! Pour moi, cette délicieuse galette de lune n’y est pour rien. Ce
sont les comportements sociaux qui lui ont fait perdre son âme, ainsi que les
pratiques excessives du marketing et du packaging. Les amoureux de cette
tradition continuent à avoir une consommation raisonnée de ces galettes de lune.
Ils s’approvisionnent auprès des pâtisseries de quartier où ils peuvent acheter
à la pièce, emballée dans un papier recyclable ou contenue dans des boîtes
réutilisables. En cas de trop reçu, ils savent les partager auprès des voisins,
des visiteurs des temples, ou des associations caritatives. Et ceci est le sens
même de la fête, le souci du partage et le soin à l’autre. Si vous ne
connaissez pas cette galette de lune, je vous invite à en déguster. C’est la
saveur millénaire de la Chine que vous aurez au bout de la langue ! La
belle boîte décorée ? Vous la recycler en boîte à couture, à gâteau ou
pour conserver vos lettres d’amour !
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