dimanche 19 juin 2011

Le destin de Rome

Hier soir sur la chaîne ARTE, j’ai eu le plaisir de découvrir la série documentaire inédite sur « Le destin de Rome ». Entièrement réalisé en images de synthèse et tourné au plus près de la réalité historique, en latin et grec, « Le Destin de Rome » nous transporte au coeur de l’Antiquité romaine et de ses guerres civiles, sur les pas de deux hommes aux destins exceptionnels : Marc Antoine et Octave, et un nouveau regard sur cette histoire d’amour entre Marc Antoine et Cléopâtre, leurs personnalités. De l’assassinat de Jules César à la victoire
d’Octave sur Marc Antoine et Cléopâtre, une histoire légendaire, racontée à travers deux grandes batailles spectaculaires : la bataille de Philippes (42 av. J.-C.), (épisode 1), et celle d’Actium (31 av. J.-C.) ( épisode 2). Une des scènes d’ouverture, l’éloge funèbre de César par Marc Antoine, joué admirablement par l’acteur Pawel Delag, m’a fait savourer cette langue latine, très musicale, que je découvre.







Le making off qui suit nous a montré les ficelles de production, où comment avec la technique de « compositing spatial », avec deux cuisiniers et un table dressée, la production a pu reconstituer une brigade de cuisine en plein travail, avec plusieurs postes de travail. Nous voyons au premier plan un cuisinier en train de faire bouillir du lait, et juste derrière lui, un autre qui découpe des ingrédients, pendant que les autres s’affairent dans l’espace culinaire. Les deux acteurs jouent tous les rôles et sont filmés sur un fond vert. Le « compositing spatial » va permettre ensuite à ces images d’être intégrées dans un ou plusieurs décors 3D, voire de se multiplier. Cette nouvelle technique nous propose une approche très nouvelle de l’image virtuelle et nous offre aussi tous les outils pour nous faire redécouvrir des faits historiques dans une forme inédite, qui ne présenterait plus seulement la réalité par une trace iconographique ou archivistique, mais qui lui redonnerait véritablement corps et restituerait sa dimension spectaculaire. Pour la première fois, j’ai pu également visualiser la ville d’Alexandrie et le forum romain à Rome, en 3 D !

A part cette scène de préparation culinaire, le documentaire n’offre aucune scène de consommation. Marc Antoine, après avoir expliqué ses exploits de pêche évoque juste qu’il temps de passer à table, et que sa faim lui permettrait de manger un sanglier !

Pour connaître la table de cette époque, rien en vaut le livre de Nicole Blanc et Anne Nercessian « La cuisine romaine antique » aux éditions Glénat, à travers les textes du seul traité culinaire de l’antiquité qui nous soit parvenu « De re coquinaria »(1er siècle) attribué au très célèbre Apicius, ce gourmet amateur de foie gras, contemporain de Tibère. Plusieurs dizaines de recettes ont ainsi été testées et adaptées aux méthodes modernes, avec les proportions et les temps de cuisson.

L’élément central du repas était constitué de céréales sous forme de bouillie ou de pain.
Au livre XVIII de son Histoire Naturelle, Pline l’Ancien distingue plusieurs types de céréales dont le blé, l’orge, le millet, le sésame (originaire de l’Inde), l’avoine et le seigle. Légumes et fruits étaient largement consommés alors que la viande n’était pas un aliment courant. Une des occasions où les romains en mangeaient étaient les sacrifices rituels. Les viandes étaient bouillies pour être attendries avant d’être rôties ou grillées. Epices, miels et condiments assuraient la mise en goût. Dans les produits aquatiques, les huîtres et les moules étaient les plus prisées et les plus coûteuses. Les produits laitiers sous forme de fromage frais et de yaourts étaient à base de lait de brebis. Le vin était déjà une boisson connue. En parlant de cuisine de Rome antique, nous pensons de suite au garum et au foie gras. La garum, présent presque dans toutes les recettes était le sel à Rome. Cette sauce, très proche du nuoc man vietnamien était faite à base d’entrailles de poisson et de sel séchés au soleil. Le foie est une invention romaine. Il est servi dans tous les banquets raffinés. L’oie est gavée avec des figues onctueuses.

Une recette extraite du livre de Nicole Blanc et Anne Nercessian.
« Ficatum praecidis ad cannam, infundis in liquanine, (teres) piper, ligusticum, bacas aluri duas, involves in omento et in craticula assas et inferes ».
“Emincez le foie avec un Roseau et faites le tremper dans du garum. (Pilez) du poivre, de la livèche et deux baies de laurier. Enveloppez dans une crépine, faites rôtir au grill et servez ! ».

Si vous n’avez pas le temps de lire le livre « La cuisine romaine antique », le site
cuisine romaine vous donne aussi une très bonne approche.
En attendant, vous pouvez
revoir les documentaires passés hier soir le site d’Arte.
Rendez vous aussi tous les mercredis soirs du 22 juin au 17 août 2011 à 20h40, sur la série Rome, et le samedi 25 juin 2011 à 20h40 « Britannia, aux confins de l’Empire Romain ».
Fresque historique, Rome retrace le parcours de deux soldats romains, Lucius Vorenus et Titus Pullo, et de leurs familles. Drame intimiste sur l’amour et la trahison, la série relate l’épopée qui a vu la chute de la République romaine et la naissance de l’Empire romain. Les destins de Pullo et Vorenus croisent ainsi ceux de César, de Marc Antoine, de Cléopâtre et du jeune Octave, un enfant étrange et maladroit qui, usant de la force et la ruse, deviendra le premier empereur de Rome, Auguste. Vous aurez surtout l’occasion d’être invité aux tables de ces héros !

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