samedi 1 octobre 2011

La cité interdite au Louvre




De musique et de nourritures, j’ai trop
D’esprit, il m’en reste
Je brave le vent qui m’apporte la fraîcheur
Je m’appui contre les bambous dans l’immensité du vide
J’écoute attentivement : les esprits sont calmes
Je suis prêt à laisser mes envies s’exprimer
Les écailles du dragon, suivent les jointures des bambous
Le chant du phénix en sort
Dans le lointain, le balang résonne
Dans le vide, les cinq facultés sont annihilées
Shi Kuang possède une oreille sans égale
S’il était ici, il se fondrait dans l’insondable !

Ces vers, signés de l’empereur Qianlong, projetés sur les pierres des fossés médiévaux de l’aile Sully du Louvre, vous accueillent et vous dirigent vers la maquette de la Cité interdite ! Pour une première découverte, vous serez saisi par l’ampleur de ce palais surgi ex nihilo de la volonté d’un seul homme, l’empereur Yongle (14031424), tandis qu’un montage vidéo évoque en images l’histoire de son architecture !
La Cité Interdite s’installe donc au musée du Louvre jusqu’au 9 janvier 2012 à travers l’exposition "La Cité interdite au Louvre. Empereurs de Chine et rois de France".
Une sélection de 130 objets provenant du Palais impérial de Pékin fait revivre les empereurs chinois, pointant les talents artistiques de certains d'entre eux, et les échanges scientifiques et culturels noués avec les jésuites sous Louis XIV.
Peintures, encres sur papier, porcelaines, laques, sceaux, vêtements impériaux: ces objets proviennent des formidables réserves du musée du Palais impérial qui en abritent 1,8 million. Plusieurs des pièces prêtées ne sont encore jamais sorties de Chine.
L’exposition ouvre sur l’histoire croisée des dynasties en Chine et en France. Le principe est d’insérer dans la trame chronologique des salles de l’histoire du Louvre, la série des principaux souverains chinois et de montrer, pour chaque grande période, les échanges qui ont pu exister entre les deux pays. A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, des tentatives de contacts entre la France et les Khans Mongols eurent lieu comme en témoignent ces lettres de chancellerie adressées à Philippe le Bel (r.1285-1314), ou encore cinquante ans plus tard l’Atlas Catalan, où figure la plus ancienne représentation cartographique de Pékin connue en Occident et anciennement conservée dans la bibliothèque du roi Charles V (r.1364-1380), située dans une tour d’angle du Louvre médiéval.
Des portraits des principaux souverains-bâtisseurs chinois, accompagnés d’objets personnels, armes, vêtements, parures introduisent à la vie de cour en même temps qu’ils dévoilent les grands acteurs des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). Ainsi croise-t-on successivement Yongle (r.1403-1424), le fondateur de la Cité interdite, contemporain de Charles VI (r.1380-1422), Jiajing (r.1521-1566) le créateur du Temple du Ciel, contemporain de François Ier (r.1515-1547), ou Wanli (r.1573-1619), célèbre par son mausolée aux Tombeaux des Ming et contemporain d’Henri III (r.1574-1589) et d’Henri IV (r.1589-1610).
L’évocation de la table impériale se fait à travers la vaisselle exposée (assiette, coupe, coffret à nourriture…) mais aussi à travers les magnifiques rouleaux de peintures sur soie, avec force détails. Dans le rouleau qui raconte les expéditions de Kangxi vers le sud (salle Sully, à droite des escalators en montant), vous pourrez admirer l’activité des commerçants dont les métiers de bouche sont dessinés avec réalisme. Par exemple, dans une échoppe, vous verrez le travail du grain du blé et la confection des nouilles. Dans le rouleau « L’audience des ambassadeurs étrangers » où l’empereur Qianlong recevait les diplomates étrangers à la Cité Interdite le jour du Nouvel An, un service de collation leur était est proposé. Vous verrez le buffet où s’affairent des cuisiniers alors que des serveurs se faufilent entre les invités. La délégation française porte des chapeaux bretons ! La table est évoquée aussi dans la galerie Richelieu autour de la personnalité de Qianlong, le plus gourmets des empereurs comme je l’avais décrit dans mon livre «
A la table de l’empereur de Chine », aux éditions Philippe Picquier (bien en vente à la librairie aile Sully). Monarque absolu, Qianlong entend régenter la politique comme les arts. Peintre, calligraphe, collectionneur. Il a révolutionné aussi l’art de la table ! Il recueille dans ses palais les plus beaux fleurons de l’empire et attire des artistes occidentaux comme Giuseppe Castiglione (1688-1766) ou Jean-Denis Attiret (1702-1768). Une importante collection de ces œuvres insignes, en particulier de grandes peintures de chevaux, a été réunie autour de ses portraits, face à l’un de ses trônes d’apparat plus qu’imposant ! Même à la Cité Interdite, vous ne verrez jamais un trône aussi près !
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