lundi 26 janvier 2009

Nourrir de plaisir


Faut-il choisir entre plaisir ou santé ? Pour Jean Pierre Corbeau, professeur de sociologie à l’université de Tours, il ne faut pas choisir entre plaisir et santé mais concilier les deux. Pour lui, c’est une erreur de les opposer trop facilement comme on le fait aujourd’hui. Cela revient à entériner des hiérarchies de valeurs héritées de trajectoires éthiques et religieuses, teintées d’un certain puritanisme, selon lesquelles le plaisir serait incompatible avec la surveillance et le contrôle de soi.

Le plaisir est nécessaire à la santé si l’on considère celle-ci dans une approche globale comme le fait la définition de l’OMS en trois volets : santé physique, mentale, et sociale. Le plaisir gustatif participe à la construction de notre identité dès notre naissance. Il marque les bons moments qui contribuent à nous former depuis notre enfance, accompagne notre vie sociale à différents âges de la vie au quotidien et dans les moments festifs. En France, en particulier, il est essentiel dans le rapport que nous entretenons avec notre alimentation.

Pour garder les atouts que nous avons en France, notamment le fait que nous soyons réellement moins touché par l’obésité, il faut donner à nos enfants une véritable culture alimentaire et non une information nutritionnelle qui encourage la déconstruction des mets proposés et le désenchantement pervers des nourritures.

Jean-Pierre Corbeau et les auteurs qui ont participé à la rédaction de l'ouvrage Nourrir de plaisir préviennent que le plaisir ne va pas de soi. Il demande de l'attention et du temps. Être attentif à ses sensations gustatives et mettre des mots dessus, cela s'apprend. Mais ce n'est pas un luxe réservé à ceux qui ont les moyens de s'offrir les meilleurs mets. On peut d'ailleurs se nourrir de plaisirs simples, comme en témoigne l'écrivain Colette avec ses tartines beurrées, si magnifiquement décrites. Pour ces spécialistes, il est indispensable d'intégrer le plaisir à l'éducation nutritionnelle, et un aliment ne doit jamais être considéré comme une récompense - notamment pour les jeunes enfants -, mais comme une composante nécessaire à l'épanouissement de chacun.

L’ouvrage reprend les actes du colloque en avril 2008 où plus d’une vingtaine de spécialistes sont intervenus sur la nature et l’éducation du goût, l’analyse des tendances de l’alimentation ou l’observation des plaisirs de la nourriture.

« Nourrir de plaisir », sous la direction de Jean Pierre Corbeau, Les Cahiers de l'Ocha n°13, 20€
www.lemangeur-ocha.कॉम

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