Dans son livre « A la table d’une famille chinoise »
aux
éditions Alternatives, Eliane Cheung nous raconte l’histoire
de ses parents restaurateurs, arrivés à Paris dans les années 1960. A l’époque
où la cuisine chinoise était encore très exotique sur Paris, ils avaient ouvert
leur restaurant « Elysée Pékin »
avec à la carte la cuisine du Sud de la Chine, terre de leur origine. C’est
avec beaucoup de générosité qu’elle nous partage le patrimoine culinaire
familial, à travers de savoureuses recettes simples à réaliser comme le travers de porc à la cantonaise, le porc haché vapeur aux oeufs de cane salé, le poulet froid au gingembre et à la ciboule, le bar à
la vapeur aux haricots noirs, la soupe de poisson et tofu, les feuilles
d’amarantes sautés à l’ail, les nouilles à la sauce sésame et cacahuètes, la
bouillie de riz au poulet, les bao (petits pains à la vapeur) aux haricots
rouges…Toutes ces saveurs évoquées me rappellent aussi ma propre table
familiale cantonaise.Il y a aussi des recettes de la région de Jiangsu, terre natale du père. «
Mon amour pour la cuisine vient de ma
famille : j’ai un père, un grand-père et un oncle cuisiniers. J’ai grandi dans
un univers de restaurants. Dans ma famille, on dit rarement ses sentiments (pudeur
oblige), mais on les exprime beaucoup plus facilement à travers la cuisine :
moi aussi, j’ai appris à m’exprimer de cette façon. Cuisiner pour les autres
est une manière de leur dire qu’on tient à eux. Mais ce qui me pousse à
cuisiner, c’est aussi et avant tout une gourmandise sans limite. ». En plus
de l’expression de l’affectivité exprimée par les plats cuisinés comme dans de
nombreuses familles chinoises, ce livre est aussi une histoire de transmission.
Ce sont les recettes de ses parents qu’elle nous offre après les avoir mis par
écrit. Au-delà des recettes, elle nous partage aussi des petites
anecdotes, photos et souvenirs familiaux qui font le sel au fil des pages. On
sait ainsi que sa mère et son frère ont un faible pour les plats de crevettes,
avec le risque de se voir servir leur ingrédient préféré à chaque
banquet ! Que la vie de son père rappelle aussi le mien, où la réussite passe par beaucoup de travail et de sacrifices ! La cerise sur le gâteau pour moi de ce livre, ce sont ses
dessins des ingrédients, des plats, des portraits de sa famille, des ustensiles
de cuisine qui donnent un petit supplément d’âme par rapport aux photos. J’ai
fait la connaissance d’Eliane Cheung, alias Mingo, grâce à son blog « La peau d’ourse »
où elle dessine les mets qu’elle avait dégustés. Et je retrouve toute la poésie
et cette ambiance particulière dans son univers graphique dans son livre. Sous
ses traits, on ressent la fraîcheur d’un chou blanc, les arômes du bouillon qui
se dégagent d’un bol de nouilles, la croustillance de la peau d’un porc
laqué ! Ce n’est pas un hasard si elle avait été choisie par « Le bon
marché », l’un des plus chic endroit gourmet de Paris pour illustrer les
pages de bouche de son catalogue de noël 2015. Le livre « A la table d’une
famille chinoise » d’Eliane Cheung est pour moi aussi un bel objet d’art,
en plus d’être un livre de cuisine savoureuse !
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