En questionnant les touristes sur les spécialités
gourmandes de Dijon, c’est la moutarde qui est citée spontanément en première
position, suivie par les vins de Bourgogne. Le pain d’épicé est rarement cité
tant il est lié à l’Alsace. Pourtant, des textes mentionnent, dès le XIVème
siècle une pâtisserie à base de farine de froment et de miel, nommée « boichet »,
très appréciée de Marguerite de Flandres, Duchesse de Bourgogne, épouse du duc
Philippe Le Hardi.
Quelle est la différence entre un pain d’épice d’Alsace et
de Dijon ? En Alsace, il est confectionné à partir de farine de seigle, à
Dijon, de farine de froment, ce qui change la saveur et la texture du produit
fini. Mais l’histoire du pain d’épice en France ne commence ni à Dijon, ni en
Alsace mais à Reims. Les pâtissiers rémois eurent l’idée vers le XIVème siècle de
relever la saveur de la pâte à pain de miel et d’épices. Ils furent nommés « pâtissier
de pain d’épices ». Leur corporation est reconnue officiellement par le
roi Henri IV en1596. Au XVIème siècle, on comptait à Reims une vingtaine de
maîtres de « pains d’épiciers ». Ces pains d’épices étaient offerts
aux illustres visiteurs au moment des Sacres à Reims. Il est fabriqué avec la
farine de seigle comme celui d’Alsace. La réputation de ce pain d’épice de
Reims était telle que les rémois furent désignés dans un proverbe champenois
sous le sobriquet de « mangeurs de pain d’épice », et que ce pain d’épice
était exceptionnel grâce à la bonté des miels de Champagne et au savoir-faire
de ses maîtres.
La plus célèbre maison de pain d’épice à Dijon est Mulot & Petit Jean, maison fondée
en 1796, qui avait racheté en 1969 la maison Auger fondée en 1852. Trois
boutiques vous attendent à Dijon. Je vous recommande celle de la place Bossuet,
une vieille maison à colombages en plein centre-ville de Dijon. La boutique a
gardé ses airs d’autrefois. Dès votre entrée, vos narines sont réveillées par
des odeurs de miel, de cannelle, d’épices. Vous pouvez acheter les pains d’épices
nature déjà emballé ou à la coupe, des pains d’épices fourrés, des figurines d’âne,
de cochon, de poisson… Mon coup de cœur va aux nonnettes de Dijon. Une petite
bouchée de pain d’épice moelleuse garnie de confiture. Je connaissais un cœur avec
l’orange. Je découvre aussi la version cassis, framboise, chocolat, abricot.
Aujourd’hui, le pain d’épice se consomme en recettes sucrées et salées. On le
mange nature, avec un beurre salé, un foie gras, un fromage, en sauce, en
garniture.
La saveur du pain d’épice de Dijon est le résultat d’un savoir-faire
artisanal. La pâte mère est constituée de farine de froment, de miel, de sucre
et d’épice. Cette pâte mère mature pendant quinze jours, voire plus. C’est la
colonne vertébrale du pain d’épices. Puis vient le « braquage de la pâte »
(j’adore cette appellation). Il s’agit de l’assouplissement de la pâte mère où
d’autres ingrédients sont utilisés selon la recette finale recherchée.
C’est
cette pâte braquée qui donne le pain d’épice final. La pâte braquée est déposée
dans des cadres rectangles, découpée à l’emporte-pièce. C’est le pain d’épice
de six kilos, appelé « pavé de santé » qui est le plus apprécié. Il
est vendu à la coupe. Chaque pavé porte
le sceau de la maison. Il est très utilisé par les chefs car son goût est assez
neutre. Il se prête à la préparation de
recettes salées et sucrées. Ce savoir-faire est reconnu car la maison Mulot
& Petit Jean est la première maison classée « Entreprise de patrimoine
vivant » en Bourgogne dans le domaine de la gastronomie.
Les pains d’épices
Auger, Mulot & Pierre Jean, vous pouvez aussi en trouver dans de nombreuses
boutiques pour touristes à Dijon. Ils vont l’avantage de bien voyager.
La patisserie Vannier fait un excellent celui que je préfère. .
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