jeudi 10 août 2017

Nourrir une armée au fort Chambly, Québec




A une trentaine de kilomètres au sud de Montréal, au pied des rapides du Richelieu, s’élève fièrement le fort Chambly qui a joué un rôle défensif important au cours des conflits militaires survenus au 17ème et 19 ème siècle. 
Son histoire commence avec l’envoi par le roi Louis XIV d’un régiment d’infanterie de Carignan-Salières pour pacifier ce territoire de la Nouvelle France perturbé par la guerre dès 1665 avec les Iroquois. C’est le capitaine Jacques de Chambly qui prit le commandement de ces soldats avec la construction de ce lieu stratégique militaire. Ce lieu exceptionnel vous permet aujourd’hui de découvrir tous les mystères de la fortification, les activités et la vie quotidienne des soldats. Une équipe d’animateurs très dynamique est là pour accompagner votre visite. 
Pour vous mettre dans l’ambiance, vous pouvez revêtir l’uniforme du soldat avant de visiter leur chambrée reconstituée avec la soupe, qui mitonne lentement. 
Les vestiges que vous pourrez admirer témoignent encore des plus importants équipements culinaires des périodes françaises et britanniques  pour nourrir une armée: un four à pain et un potager. Il y a le potager planté de légumes qui vous accueille dès l’entrée du fort, il y a aussi « le potager » ancêtre de la cuisinière, un ouvrage en maçonnerie qui permettait de cuire les aliments dans les chaudrons. Il y a encore les trace de la grande boulangerie construite à l’extérieur du fort. Le pain était l’aliment essentiel du fort. Chaque soldat en consommait 1,5 livres par jour. Sur une population de 100 soldats, le boulanger devait produire 300 à 400 pains par jour ! 
Les soldats de l’époque aimait déjà le pain grillé et croustillant grâce au « grille pain à plateau tournant » qu’ils approchaient de la cheminée. En Nouvelle France, le pain consommé étai t un « pain blanc » fabriqué avec de la farine de froment épuré le plus possible du son. La croyance était que ce « pain blanc » était plus nourrissant que le « pain bis » fabriqué avec de la farine non épurée.
Les soldats étaient regroupés par chambrée de sept personnes. Ils faisaient « chaudière » en mettant et en cuissant en commun leur ration de nourriture quotidienne. Il n’y avait pas de cuisiniers professionnels. Les repas étaient préparés par chaque chambrée dans le foyer où la soupe de pois et de lard mijotaient chaque jour. En plus du pain, ce sont les deux aliments phares des soldats de cette Nouvelle France. 
Le pois donnait de l’énergie pour soutenir les dures journées de travail. Le lard donnait le gras et la saveur. Lors des jours maigres, le lard était remplacé par des herbes salés. La ration par jour et par soldat était de 4 onces de pois, 4 onces de lard salé, 24 onces de pain. Par mois, 2,3 litres de mélasse, une livrede beurre. La mélasse était utilisée pour fabriquer une bière d’épinette (la petite bière). Le vin qui arrivait de France était cher, et réservé qu’aux jours de fêtes. Les soldats amélioraient leurs menus grâce à la chasse et à la pêche, avec les légumes qu’ils faisaient pousser. Les repas était pris en commun par chaque chambrée. A l’époque, on mangeaient aussi selon son rang. La dotation alimentaire et quotidienne des gradés et des officiers était plus généreuse.
Pour s’assurer des réserves de nourritures tout l’hiver, les colons cultivaient en grande quantité les légumes et les fruits qui se conservent longtemps, comme les oignons, les carottes, les navets, les pommes fruits. La citrouille, légume type des premières nations a été très vite adoptée.  Ainsi, l’alimentation du fort varie selon les saisons autant que les obligations religieuses. On appliquait les mêmes règles qu’en France. Les livres de recettes de l’époque étaient divisés selon les saisons que selon les familles de recettes.
C’est aussi l’histoire du recrutement de ces soldats qui est aussi passionnante. Entre 1683 à 1755, plus  de 7800 soldats prenaient le navire de Brest, de Rochefort, de la Rochelle pour rejoindre la Nouvelle France pour un contrat de service de 6 ans renouvelables. 
Les critères de recrutement étaient simples : jeunes hommes en bonne santé, de constitution robuste, ayant au moins 16 ans, mesurant au minimum 1,65 m pour s’adapter à la taille du fusil ! Ce sont les « sergents racoleurs » qui se chargeaient de ce travail, en se postant dans leur bel uniforme dans une taverne pour séduire les jeunes gens en mal d’argent ou en quête de changement en leur offrant à boire. 
C’était une vraie tentation que de partir à l'aventure au service du roi, de se couvrir d'or et d'argent dans les colonies pour ensuite revenir fortuné dans son village et y raconter ses aventures exotiques ! Mais certains ne survivaient pas à la traversée, emportés par les fièvres ! 
Ce sont tous ces anecdotes de la vie des soldats de la Nouvelle France que vous pouvez découvrir dans ce lieu exceptionnel ! 
Vous saurez ainsi comment les soldats s’occupaient lors de leur temps libre et comment s’ils s’adaptaient à leur nouvel environnement. Le fort de Chambly était ouvert à la population locale et les soldats n’étaient pas coupés du monde ! Le cadre est magnifique, avec des aires de pique-nique pour mieux encore profiter du lieu.
Pour préparer votre visite, cliquez-ici.

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