dimanche 4 octobre 2020

Festin de sacre royal au Palais du Tau, Reims


La première évocation d’un festin suivant le sacre du roi se trouve dans l’ordo dit du Fulrad rédigé vers 980 sous cette forme sibylline : post missam pergant ad mensam (après la messe, ils se dirigèrent vers la table ». 


Ces agapes après cérémonie duraient six à sept heures et marque le dernier acte de la sacralisation royale. Ce festin réaffirme les liens unissant les convives, dans le partage du pain et du vin. 



Avant la construction de ce palais du Tau vers 1500, le déjeuner se déroulait dans la cour de l’archevêché dans un « palais en charpenterie ». Cette salle de festin très lumineuses de 32 mètres sur 12 mètres, avec une hauteur de 12 mètres, et une voûte en carène de navire renversée est impressionnante. 


Après l’incendie de 1914, elle fut reconstruite à l’identique, décorée de tapisseries consacrées à Clovis. Malgré son immensité, le nombre de convives était limité pour des raisons de prestige.  Ils étaient une centaine lors du sacre de Louis XIII. A partir de Louis XIV ils ne dépassèrent point la trentaine. Habituellement, ce sont des milliers de personnalités comme des princes de sang, des ambassadeurs, les éminences religieuses qui se rendent à Reims. Si le déroulement a évolué avec le temps, le roi est toujours assis à table dos à la cheminée sous un dais et une estrade, entouré des douze pairs laïcs et ecclésiastiques qui rappellent symboliquement le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres. Les tables sont dressées en U avec les convives d’un seul côté. 


La reine et les princesses étaient placées dans un autre coin de la grande salle « pour voir dîner commodément le roi ! ». L’histoire raconte que le roi était « saoulé de fleurs de lys ». Symbole de la royauté, celle-ci décorait à profusion la salle de festin et le manteau de cheminée près de la table d’honneur. Après la bénédiction de l’archevêque, le festin se déroule dans un trois services à la française selon le rituel du grand couvert.   



Organisé par l’administration des Menus Plaisir, d’après notre guide lors de la visite, les menus de ces festins n’ont pas été conservés. Ils restaient somptueux. La population étaient aussi invités aux agapes. Lors du sacre de Louis XII en 1498, plus de 15 528 tranchoirs étaient distribués aux pauvres avec du vin à volonté. C’est Louis XV qui avait eu l’honneur de déguster au vin naissant de champagne effervescent. Le palais de Tai, c’était aussi la résidence du roi qui y passait la nuit avant son sacre. Une vidéo projetée dans la salle de festin vous donne tout le déroulement de ce rituel complexe. 



C’est dans la salle du Trésor que l’on peut admirer tous les objets du rituel, comme les deux pains d’offrande couverts d’or, le précieux reliquaire contenant la sainte ampoule, le calice en or. 




Dans la salle de sacre consacrée à Charles X, on peut admirer le manteau que le Dauphin Louis Antoine de France portait lors du sacre de son père. 


 



Dans l’antichambre où logeait le roi lors de son séjour, j’ai été saisi par le portrait du jeune roi Louis XIV, âgé de 10 ans en costume de sacre peint en 1648, soit quelques années avant son sacre qui avait lieu en 1654. Exposé dans la même pièce, la couronne de sacre de Louis XV est tout aussi impressionnante ! 




Les autres pièces du palais présentent des sculptures du 13ème siècle déposées lors de la restauration de la cathédrale ainsi que des tentures de chœur.

 

 

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