samedi 28 mai 2022

Le zongzi, le pudding de riz glutineux made in Paris qui annonce la fête des barques dragons chinoise.


粽子來了 ! Vendus toute l’année en version surgelée, l’arrivée des zongzi frais 鲜粽子 dans les supermarchés et traiteurs des chinatown à Paris annonce l’arrivée de l’été, et la célébration proche de la fête des barques dragons 端午 le 5ème jour du 5ème mois lunaire dans le calendrier agricole chinois, soit le 3 juin 2022. Pour cette heureuse journée, les Chinois consomment l’aliment rituel de la fête, le zongzi 粽子, un délicieux pudding de riz glutineux. Ils organisent aussi des courses de barques dragons là où il existe des plans d’eau. 



Ce zongzi est composé de riz glutineux hydratés, de millet, enveloppés dans des feuilles de bambou, plié en forme de cône, puis cuit à l’eau. Il peut être garni d’une farce salée ou sucrée. 



Pour les zonzgi made in Paris tous à base de riz glutineux et enveloppés dans des feuilles de bambou, c’est la couleur de la ficelle d’attache qui désigne la farce. La blanche est garnie de viande de porc aux cinq parfums et d’œuf de cane salé 咸蛋肉粽, le bleu est garni de viande de porc aux cinq parfums 肉粽, la rouge de datte confite 密枣粽, le jaune de crème d’haricot rouge, 豆沙粽 le vert de crème de fève 蚕豆粽, le mauve de feuille de moutarde séchée et de viande de porc 菜干肉粽. J’ai choisi le zongzi de porc aux cinq parfums. La dégustation de zongzi salé s’accompagne toujours d’une sauce de soja, d’une sauce au piment selon goût, car la saveur du riz est neutre. 



Ces zonzgi frais sont tous regroupés dans un carton en liège au milieu des fruits et légumes ! Rares sont les supermarchés qui prennent la peine de traduire leur composition en français ! 


Si vous achetez des zongzi surgelés, la remise en température se fait par ébullition dans le l’eau chaude.


En Chine, la célébration de cette fête des barques dragons avec la consommation des zonzgi est liée au souvenir de la mort du grand poète et patriote Qu Yuan. Il fut ministre du royaume de Chu pendant la période des Printemps et Automnes (770-476 av J.-C.). Désespéré que ses conseils ne fussent suivis par son roi, et devant la chute de son royaume, il se suicida le 5 du 5e mois lunaire en se jetant dans le fleuve Miluo. Selon la légende, après la mort de Qu Yuan, les gens du peuple de Chu affluèrent au bord du fleuve pour lui rendre un dernier hommage et les pêcheurs conduisant leurs bateaux firent des va-et-vient dans le fleuve pour chercher sa dépouille mortelle, mais sans résultat. Pour éviter qu'il fût mangé par les poissons, on jeta alors des puddings de riz gluant et des œufs dans le fleuve.

 

dimanche 15 mai 2022

« Venus d’ailleurs : matériaux et objets voyageurs », Musée du Louvre Paris.


La petite galerie du musée du Louvre à Paris consacre une belle exposition sur l’histoire des matériaux dans les objets d’arts « Venus d’ailleurs : matériaux et objets voyageurs ». Depuis la plus haute Antiquité, les pierres de couleurs, l’ébène, les coquillages et l’ivoire circulent sur de longues distances, loin de leur lieu d’origine. Les œuvres d’art prennent vie à travers les matériaux choisis par les artistes mais aussi leur histoire, soumise aux aléas du voyage, du goût, des transformations. 


De nombreuses pièces exposées concernent les arts de la table. Il y a cette paire de couvert en cristal de roche produite à Ceylan par les portugais au 16ème siècle, sur une monture en or et rubis. 



A une époque où ces couverts étaient encore une nouveauté en Europe, cette paire de couvert en cristal était inutilisable à table compte tenu de leur fragilité. C’était l’idée l’objet le plus luxueux en Europe qui est exprimée dans cette création. 



Les voyageurs au 17ème siècle furent fascinés par les habitudes de vie simple des peuples des Caraïbes. Un « coui », une demi-calebasse qui sert de récipient des plus ordinaire dans la vie quotidienne, est enrichi d’une monture en argent doré et pierre précieuse qui le rend extraordinaire. 



Il y a aussi cette aiguière du trésor de Saint Denis taillée dans du cristal de roche très certainement de Madagascar. 



Une magnifique verseuse à vin découvert en Afghanistan nous rappelle l’alcool était présent dans les habitudes de table de ce pays. 



Dans le ricochet et la fusion des techniques, il y a cette bouteille chinoise de porcelaine à décor d’émaux Falangcai 珐琅彩 , que l’on peut traduire par « couleurs étrangères ». Ils font référence aux porcelaines peintes dans les ateliers impériaux de la Cité Interdite à Pékin avec des émaux en partie introduits d'Occident. 



Deux sucriers en forme d’esclave réalisés au 17ème siècle nous rappellent qu’à un ingrédient rare encore à l’époque, le sucre, il fallait un bel objet pour les mettre en valeur. 



Pour se démarquer des autres, la duchesse d’Orléans avait un luxueux coffret à thé, fabriqué avec du bois venu des Antilles avec de rares porcelaines chinoises retravaillées. Tous ces objets d’art nous racontent la biographie des pièces uniques issues des histoires d’échanges, de re-transformation, reflet de l’imagination fertile des artistes telle qu’elle pouvait être perçue en Europe depuis la fin du Moyen-Âge avant même les grandes explorations menées par les différentes puissances au XVIe siècle.