dimanche 27 décembre 2020

Histoire de Madagascar, la construction d’une nation.


Placé sous la coordination du Sylvain Urfer, père jésuite français d’une paroisse populaire d’Antananarivo pendant vingt-cinq ans, auteur de nombreux ouvrages sur la grande île, ce livre « Histoire de Madagascar, la construction d’une nation » est le fruit du travail d’enseignants et d’historiens de Madagascar. Son objectif est de retracer l’épopée de la construction du pays avec les recherches les plus récentes, de faire prendre conscience aux Malgaches de leur grande Histoire dans une histoire partagée, de cultiver ce sentiment et cette fierté d’appartenir tous à la même nation. Les auteurs du livre sont tous prestigieux et imprégnés de l’histoire du pays avec Philippe Beaujard, ingénieur agronome, ethnologue et historien, membre du centre des mondes africains / Gabriel Ratoandro, professeur des universités, chercheur à l’université d’Antananarivo / Manassé Esoavelomandroso, historien, fondateur et directeur de la revue historique Omaly Sy Anio (hier et aujourd’hui) / Helihanta Rajaonarison, enseignante chercheure, co-fondatrice et présidente du musée de la photo de Madagascar / Faranirina Rajaonah docteur d’Etat en histoire, secrétaire de rédaction de la revue Omaly sy Anio pendant quinze ans. Depuis la mi-décembre 2020 date de sa sortie, ce livre a donné lieu à de nombreuses rencontres et échanges. Une version en malgache verra le jour dans quelques mois pour qu’il profite au plus grand nombre. Ce livre inédit s’adresse à tous les personnes intéressées par l’Histoire de Madagascar. Ci-après sa présentation par les auteurs :

"Retracer les chemins de l’histoire malgache : beaucoup se sont évertués à le faire, dans des styles variés, avec des méthodes différentes. Aujourd’hui, le besoin se fait sentir d’une publication d’accès facile, qui intègre les résultats des recherches les plus récentes. Tel est l’objectif de ce livre. À leur arrivée, les premiers occupants de la Grande Île peuplent les côtes, et certains gagnent progressivement l’intérieur des terres. Suit une phase de constructions politiques, au terme de laquelle l’une d’entre elles, animée d’un rêve unificateur, se fait reconnaître comme Royaume de Madagascar. Son échec, suivi du moment de la colonisation, n’entrave pas la détermination de la population. L’indépendance ouvre enfin la voie à un processus difficile et de longue haleine : la quête de la démocratie et du développement. L’ouvrage décrit ainsi la marche d’un peuple vers son unité. Cette histoire retrace le parcours de Madagascar, dans sa continuité et ses ruptures. Elle relativise l’idée convenue d’une origine des Malgaches, au profit d’une intégration progressive dans l’océan Indien et d’une ouverture croissante sur le monde".

Le prix est de 45000 ariary (environ 10€).

 


Le tatao ou les 7 plats royaux malgache

                                                                     Porc et anguille mijotés

Avec la renaissance du Rova d’Antananarivo, il est temps de renouer avec la cuisine royale malgache avec l’un de ses menus les plus emblématiques : le tatao, appelé aussi Hanim-pitoloha.

Servi à l’issu du bain royal, le fandroana pour accueillir la nouvelle année et lors des grandes occasions, il est composé de 7 recettes avec le bouillon clair de bœuf avec des brèdes mafana (Romazava), la viande de zébu confite effilochée (varanga), le porc mijoté aux feuilles de manioc pilées (Henakisoa sy ravitoto), le poulet cuit à l’étouffé à la malgache (Akoho nahandro gasy), le porc et d’anguille mijotés (Henakisoa sy amalona), le tilapia braisé (Tilapia nahandro gasy), le canard mijoté à sec au gingembre (Gana ritra sy sakamalao). Un tel festin se réserve et s’annonce à l’avance. De plus, il faut s’assurer que les ingrédients comme les anguilles et tilapia sont disponibles. A lui seul, le varanga nécessite deux jours de cuisson pour que la chair du zébu s’effiloche naturellement dans la graisse avec une cuisson lente. La viande de zébu doit être présente dans tout festin. 

                                                  Porc mijoté aux feuilles de manioc pilées

Dans la culture malgache, le zébu est lié à la sacralité, au pouvoir et à la richesse. La présence de gras est une condition nécessaire pour exprimer les saveurs et le moelleux des viandes. De ce fait, on associe les morceaux gras de porc pour être cuisiné avec l’anguille, ou de la chair de pintade plus maigre. La cuisson ritra, une technique de cuisson à l’étouffé, permet de sublimer toutes les saveurs. Les viandes sont assaisonnées avec un soupçon d’ail, de gingembre, de sel puis revenues dans la matière grasse. On mouille avec une quantité d’eau qui s’évapore complètement à la cuisson laissant une viande fondante et un gras parfumé. 


Dans les restaurants d’Antananarivo, ce tatao est servi dans les petites marmites en aluminium individuel ou à partager, accompagné de riz blanc.
Sous le règne de Ranavalo III, le Fandroana était fixé au 22 novembre de chaque année, célébrant à la fois le Nouvel An, son anniversaire et son accession au trône. Vous pouvez donc servir ces 7 plats royaux pour votre Saint Sylvestre !

 

La reconstruction du Rova d’Antananarivo, Madagascar


Le Rova d’Antananarivo est sur ma liste des visites lors de mon prochain retour à Madagascar. Inauguré le 7 novembre 2020, le Rova de Manjakamiadana que nous appelons familièrement Palais de la Reine renait de ses cendres suite à un funeste incendie de la nuit du 6 au 7 novembre 1995 ! 


Demeure officielle des souverains malgaches et perchée sur l’une des plus hautes collines de la ville, vous pouvez admirer sa belle silhouette royale où que vous soyez. Après 25 ans de travaux, ce symbole de l’histoire et de la souveraineté de Madagascar retrouve son lustre et sa splendeur avec un triple événement : sa reconstruction, la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays, et le retour de la couronne du dais de la reine Ranavalona III de France, emportée par les colons en 1897. 


C’est sous ce dais que la dernière reine s’adressait à son peuple lors des grandes occasions appelés « Kabary ». Parce qu’il est un symbole fort et une manifestation physique de l’ancienne monarchie malgache, il est accueilli comme une personne vivante lors de son retour au pays


Dès sa descente d’avion, le dais, posé dans une papamobile aux vitres transparentes, est salué par les officiels, puis par le peuple le long de son parcours jusqu’à son retour dans sa maison. A travers le Palais de Manjakamiadana, Besakana, et des tombeaux royaux réhabilités dans cette enceinte du Rova, c’est la réappropriation, la mise en valeur du patrimoine historique et culturel que le pays veut transmettre et faire connaître à la jeune génération. Une partie des reliques de la reine Ranavalo III et de la princesse Ramisandrazana ont pu réintégrer son sol natal suite à une vente aux enchères à Londres le 8 décembre 2020 remporté par l’état malgache. Le lot comprend une robe de cour en velours et soie brodée de perles, de lettres, objets et documents divers rassemblés par Clara Herbert, la dame de compagnie qui accompagna la reine lors de son exil. 



Vous retrouvez tous ces nouveaux objets exposés dans les salles du palais rénovées, ainsi que les autres objets sauvés de l’incendie, mis à l’abri temporairement dans le palais d'Ambohitsorohitra que j’ai pu visiter en 2018 juste à quelques minutes du Rova. 



On y retrouve dans les collections exposées les portraits royaux, le trône, la fine vaisselle de table, les documents historiques avec les lettres et les traités… 


Lors de ma prochaine visite, la grande nouveauté sera la découverte du colisée construite sur l’ancienne piscine sacrée du roi Andrianampoinimerina dont certains trouvent anachronique et sans fondement ! Dans tous les cas, je serai heureux de passer la magnifique porte d’entrée dessinée par le britannique James Cameron en 1865 surmonté d’un épervier royal (Voromahery), oiseau symbolisant la puissance de la monarchie malgache.