Avec l’année du Mexique en France, je m’interroge sur le paysage de la cuisine française, européenne s’il n’y avait pas eu tous ces aliments du « nouveau monde » qui nous sont rapportés par les conquistadors.
En 1492, lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique, ce sont les saveurs de nos recettes qui prennent aussi du relief et basculent dans l’histoire ! Dans cette Europe où la cuisine aristocratique était très marquée par l’usage des épices, la chute de Constantinople aux mains des Trucs en 1453 signe la fermeture du chemin le plus court pour accéder à la route des épices. C’est ainsi que Christophe Colomb proposait aux rois catholiques d’Espagne, Fernand et Isabelle, de parvenir aux Indes par l’autre côté du monde, et qu’il rencontra par hasard l’Amérique !
L’Amérique fut une déception. Elle n’offrait pas les épices en usage de l’époque (poivre, clou de girofle, lavande, safran, gingembre, laurier…) mais proposait de la vanille et le chile et ses nombreuses variétés. C’est Christophe Colomb lui-même qui donna au chile l’appellation de piment. Le jésuite José de Acosta, chroniqueur des Indes de l’époque, écrivit qu’il contient tant de feu et qu’il brûle autant à l’entée qu’à la sortie !
Par contre, l’Amérique offrit à ses conquistadors d’autres richesses : la tomate, l’avocat, le maïs, le chocolat, la cacahuète, et même la pomme de terre, qui va jouer par la suite un rôle important lors des famines en Europe.
Les conquistadors découvrirent aussi des animaux inconnus, les uns comestibles, les autres non. Seule la dinde et la pintade prirent le bateau pour l’Espagne.
La goyave, l’ananas, les figues de barbarie, tant prisés par ces espagnols étaient dédaignaient par le glouton Charles Quint. Par contre, c’est Louis XIV qui introduisit le premier plant d’ananas dans son potager à Versailles conçu par la Quintinie, qui s’appropriait aussi de la fleur de tournesol originaire du Mexique, comme le symbole du Roi Soleil !
Christophe Colomb n’a jamais foulé la terre du Mexique mais la présence des Conquistador a induit de fait « un échange culturel imposé par l’histoire ». Le continent d’Amérique a connu un métissage culturel intense, même sur le plan culinaire. Dominants et dominés se sont apprivoisés. Contrairement aux pèlerins du Mayflower, venus avec femmes et enfants pour coloniser le nord de l’Amérique et qui ont transposés leur cuisine européenne, les conquistadors espagnols vinrent sans femmes. Par nécessité, ils les fréquentaient, se marièrent avec elles, apprirent à les aimer et aimer aussi leur cuisine ! Ces dernières avaient appris à aimer aussi le blé, le riz, la carotte, le chou fleur, l’orange et la vache….