jeudi 11 novembre 2010

Baba bling, musée quai Branly

L’exposition Baba bling, signes intérieures de richesse à Singapour, qui a lieu au musée quai Branly jusqu’au 30 janvier 2011 vous invite à entrer dans l’univers de « Baba », descendant de marchands chinois établis en Asie du Sud Est depuis le XVème siècle. Les babas bling à Singapour n’ont donc rien à voir avec nos babas cool à nous ! Ni le style bling bling de certains !

A Singapour, le terme « Baba » désigne un « homme chinois », et par extension, les descendants de communautés chinoises qui se sont intégrées depuis le XVIème siècle dans le sud est asiatique et qui ont incorporé au fil des siècles de nombreux aspects de la culture malaise dans leur culture d’origine. Le « Baba » désigne aussi le chef de famille, qui a intégré des éléments de la culture européenne, via ses parents et grands parents, pendant la période coloniale. L’exposition se divise en 5 parties, avec un espace enfants où il est permis de toucher, sentir les condiments de cuisine, regarder à travers le trou de la serrure !



Vous entrez dans cette maison peranakan par le hall de réception qui vous mène dans le hall des ancêtres. Vous passez ensuite par la cuisine, la chambre nuptiale, et la garde robe avec la mode Nonya. Les bijoux sont magnifiques ! Avec plus de 480 pièces emblèmes de l’identité culturelle de ces familles, vue d’Europe, chaque pièce de ces habitations nous semble très kitsch, avec des couleurs roses bonbons, acidulées, ou vert tendre. Les meubles sont de style hybride mariant, une synthèse des styles chinois, malais, européenne mais avec des paillettes et des strass !


A travers toute la visite, la cuisine et les rituels alimentaires sont omniprésents. Lors d’un mariage, les présents comprenaient un jambon de porc qui symbolise la virginité de la mariée, accompagnée de bijoux, de paires de bougies rouges, des vêtements, des fruits symboles de chance comme les oranges qui signifiaient la richesse et l’union du couple.

Offrandes alimentaires aussi dans le hall des ancêtres où des assiettes et bols sont alignés selon un rituel précis, délicatesse de la porcelaine de table et du service à thé. D’ailleurs, on constate que la couleur jaune, réservé à l’usage exclusif de l’empereur de Chine était largement présente dans le quotidien de ces familles ! La porcelaine est finement décorée avec des insectes et de motifs floraux avec un code couleur précis. Du blanc et du bleu pour le quotidien et les jours de deuil, du rose, vert et jaune pour les jours de fête !

La cuisine, mise en scène avec des ustensiles du quotidien venaient de toute la région. Des mortiers en grand nombre pour la préparation des épices, des marmites en terre cuite provenant d’Inde, du wok chinois, des jarres de stockages émaillées thaï, des plateaux laqués Birmans… La cuisine était l’univers des femmes.
Des tables sont dressées avec leurs couverts, comme si on vous attendait pour déjeuner. Les repas jouent un rôle central dans le mode de vie des peranakan et la salle à manger traditionnelle est révélatrice de nombreux aspects de cette culture. Dans beaucoup de foyers, on trouve une table longue appelée tok panjang largement utilisées durant les fêtes familiales pour les banquets. Alors que les chinois mangent toujours sur les tables rondes ou carrées, il semblerait que cette forme rectangulaire viendrait du prolongement de la table de l’autel des ancêtres lorsqu’il y a beaucoup d’invités !

La cuisine traditionnelle peranakan est une cuisine fusion entre les styles culinaires venant de Chine, de la Malaisie et de l’Inde. Les différents mélanges d’épices (rempah) parfument les plats et doivent être préparées avec un mortier, qui reste la meilleure méthode pour exprimer les huiles naturelles et les arômes des épices et herbes, même si les mixeurs modernes rendent la tâche plus facile ! Les condiments et les sauces jouent un rôle de mise en goût important. La plus connue est le belachan, une pâte de crevettes fermentées utilisée comme ingrédients pour les plats, mais aussi comme condiment, mélangé avec du jus de citron vert et de piments hachés ! Le plat le plus connu est le buah keluak, à base de poulet mijoté avec la chair d’une grosse noix, le pangium edule.

Les peranakan ont aussi le bec sucré, même très sucré comme l’atteste la petite taille de bols à desserts dans lesquels sont servies les onde onde. Les desserts parfumés au jus de pandanus, à la noix de coco, sont gorgés de sucre de palme. De ce fait, une petite bouchée suffit à atteindre la félicité !
Pour transporter toutes ces délices culinaires, les peranakan utilisent les tiffins d’Inde. Il s’agit de gamelles superposées reliées par une anse pour le transport. Pour la petite histoire, ces tiffins émaillés décorés vous coûteront la petite somme de 250€ ! Il s’agit d’un objet d’art !
Je me suis senti très bien dans cette maison Baba. J'étais chez moi !
En sortant de l’exposition, vous aurez envie d’un jus de coco pour étancher votre soif, d’un curry malais pour calmer votre faim, et d’un canard laqué pour la gourmandise !

Musée quai Branly, jusqu’au 30 janvier 2011.
www.quaibranly.fr

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