Pour avoir une place assise sur la scène sucré, il
faut arriver au moins une heure avant, dès le matin. C’est donc debout que j’ai
assisté à la master class du chef Atsushi Tanaka sur le thème du chocolat. Il a découvert la cuisine
française avec un livre de Pierre Gagnaire dont il a rejoint le restaurant à Tokyo
en 2006, puis trois ans plus tard, celui de Paris. Il s’est initié aussi à la
cuisine moléculaire en Espagne, fait des stages dans les plus grandes tables d’Europe
avant d’ouvrir son restaurant éponyme à Paris en 2014 ! Cuisinier de
formation, et gérant son « petit restaurant », il a du se mettre
aussi au sucré. Sa démarche de la construction d’un dessert rejoint celui d’un
plat salé. Il doit être esthétique, avec des contrastes de texture et d’équilibre
de saveurs.
Les recettes servies doivent rappeler des paysages en miniature, et
le support, l’assiette, le bol a tout son importance.
Sa première recette est
une ganache de chocolat, coiffé d’un granité de betterave préparé à l’azote, d’une
purée de betterave, de betterave rôti au genièvre (découpé en lanière, puis
roulé comme des guimauves), et de poudre de betterave.
La deuxième recette est
une crème pâtissière au chocolat blanc avec de la livèche hachée, surmonté d’un
crumble au pistache, de pistaches râpées, d’un sorbet jus d’orange, pomme vert,
livèche, céleri pour apporter la note d’acidité. Le nombre d’ingrédients est
impressionnant. En réalité, ses recettes se construisent par dégustation. Dès
qu’il y a un déséquilibre de goût, il le complète par un ingrédient !
Je
me suis rendu ensuite sur la scène artisan, pour découvrir le travail de Benoit Castel, de la Pâtisserie Boulangerie à
Paris. Ce chef pâtissier boulanger se tourne de plus en plus vers des produits
artisans pour une meilleure qualité des produits finis. L’utilisation des
farines exceptionnelles de Philippe Guichard a changé tout simplement la saveur de son chou.
Son
propos est de revenir aussi vers plus de naturel, en mettant de côté des
produits industrialisés « vides ». Il travaille avec des colorants
naturels, retravaille les gelées avec la peau et les pépins naturels des
pommes. Il veut réhabiliter le « gâteau bourgeois » qu’on se partage
à la cuillère. La première recette proposée est un fond de gâteau à base de
pain perdu cuit dans un lait de poule. Il est couvert d’une crème de citron
liée avec de l’huile d’olive chaude au lieu du beurre, d’une gelée de pomme
citronnée et de crumble. L’avantage d’utiliser l’huile d’olive est qu’elle
permet une émulsion à chaud avec la crème de citron.
Toujours dans l’exploration
des produits, il nous propose un gâteau avec une crème confectionnée avec de l’avocat,
du lait d’avoine, du miel et du cacao en poudre. La recette est très simple. Il
suffit juste de mixer le tout. Le gras de l’avocat amène d’emblée une texture
lisse et grasse qui remplace avantageusement le beurre. Il n’a pas hésité aussi
à mettre une goutte d’huile d’olive, son ingrédient fétiche. Le fait d’utiliser
un lait d’avoine n’est pas une réponse à la tendance allergique, mais à l’exploration
de nouvelles saveurs !
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