Vous avez encore jusqu’au 9 mai 2010 pour découvrir cette magnifique exposition intitulée "Les Derniers Maharajas". Elle présente une collection de costumes du Grand Durbar à l'Indépendance (1911-1947).
Organisée en collaboration avec la Hutheesing Heritage Foundation, l'exposition présente des costumes des cours princières indiennes de la fin du Raj. Privés par la couronne britannique du socle de leur pouvoir, le droit de faire la guerre.
Privés de leur force, moyen d'expression privilégié de ces princes guerriers, les derniers Maharajas cultivent le faste et rivalisent sur la grandeur de leur image.
Le vêtement est au coeur du lien social de cette période courtoise, qui, du Grand Durbar de George V en 1911, réunissant à Delhi tous les princes des Indes, à la déclaration de l'indépendance en 1947, marque le chant du cygne de l'Inde des Maharajas.
L'apparat devient le langage officiel des cours. Pour la création textile, c'est une époque formidable, qui stimule comme jamais auparavant le talent des artisans indiens. Or, argent, soie, brocart, broderies, profusion de couleurs et de matières précieuses : on ressent dans la magnificence des costumes de cette époque, déclinant la palette du luxe jusque dans la démesure, le parfum beau et tragique de la décadence.
Ce sont les derniers feux des Indes, d'un pays qui s'écrivait alors au pluriel pour souligner une diversité de cultures que l'on retrouve dans ces costumes, et qui s'estompera pour partie ensuite avec la généralisation du khadi, coton blanc symbole de l'Indépendance de l'Inde unie et unique qui est encore aujourd'hui l'uniforme préféré du Parlement et des ministres।
En visitant cette exposition, je me suis projeté des images de ces princes dans leur habit d’apparat, en train de déguster un curry, dont la couleur jaune répond en écho aux bijoux en or, aux habits brodés d’or ou à la soie jaune. J’ai eu envie de relire le magnifique livre de Lizzie Collingham,
« Le curry, une histoire gastronomique de l’Inde » à la petite bibliothèque Pavot.
Enseignante à Cambridge, auteur d'une étude sur le Raj britannique des années 1800 à 1947, Lizzie Collingham a suivi l'évolution et les pérégrinations planétaires de ce plat emblématique de la gastronomie indienne, sous les influences successives des Moghols et des Perses (Parsi), des Portugais, des Anglais surtout, et même, dans une moindre mesure, des Hollandais et des Français. Elle revisite ainsi toute l'histoire de l'Inde, guidée par une formidable documentation qui épluche aussi bien les registres de commerçants que les récits de diplomates ou de voyageurs.
J’espère pour très bientôt une belle exposition sur les tables des derniers Maharajas.
Exposition à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent
Jusqu’au 9 mai 2010
Entrée de l'exposition au 3, rue Léonce Reynaud, Paris 16ème