L’exposition « A la cour du
Prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » au musée
Guimet de Paris propose de découvrir les fastes du Japon impérial à l’époque
de Heian (794-1185) avec « Le Dit du Genji », l’œuvre majeur
de la littérature japonaise écrit au 11ème siècle, par la poétesse
Murasaki Shikibu.
Ce récit est l’un des plus importantes sources iconographiques du Japon, en a fortement influencé le sens esthétique jusqu’aux mangaka contemporains.
Dans cette belle exposition, j’ai été en admiration devant les quatre immenses rouleaux tissés de soie et de fils d’or du maître tisserand Itarô Yamaguchi (1901-2007), composés de scènes illustrées représentant des épisodes du Dit du Genji, et des calligraphies du texte.
Avec ses jeux de couleurs, d’ombres, de perspectives, de détails de scènes, les œuvres sont justes magnifiques et raffinées.
Une cartouche vous commente chaque scène tissée, vous remettant dans le contexte de l’œuvre.
L’exposition nous donne aussi les détails techniques de préparations, d’essais du maître. Oeuvre hors normes, il a fallu 30 ans pour réaliser ces quatre chefs d’œuvre. Il est vrai que c’est à l’âge de 70 ans que maître Itarô Yamaguchi entreprit la réalisation de son ultime chef d’œuvre. Issu d’une famille de tisserands de soieries de Nishijin, c’est en observant les rouleaux peints datant de l’époque de Heian, qui représentent des scènes du Genji conservés au musée Tokugawa de Nagoya et au musée Gotô de Tokyo, que l’inspiration lui vint de les reproduire sous forme de tissage.
Fidèle au métier Jacquart, une invention lyonnaise introduite au Japon à l’ère Meiji (1868-1912), il a sublimé le meilleur de la technologie française et les techniques ancestrales japonaises dans ces œuvres hors normes, avec des défis esthétiques et techniques parfaitement maîtrisées. Maître Itarô Yamaguchi a souhaité faire don de ses rouleaux tissés à la France au musée Guimet à Paris. En avril 1995, à l’âge de 94 ans, il effectua le voyage à Paris et apportait lui-même les deux premiers rouleaux qui furent exposés au Panthéon bouddhique.
Pour cette magnifique exposition avec les quatre rouleaux enfin exposés ensemble, son fils, Hakira Nonaka était venu de Kyoto pour son inauguration. Le samedi 25 novembre 2023, il a participé à une conférence rendant hommage à l’œuvre de son père, avec Aurélie Samuel, commissaire de l’exposition.