jeudi 1 septembre 2016

Miroir du désir, musée Guimet Paris



L’exposition « Miroir du désir » au musée Guimet de Paris se tient encore jusqu’au 10 octobre 2016. Elle dévoile une partie des estampes japonaises de la collection du musée et de la réunion des musées nationaux dans une promenade visuelle sur la magnifique rotonde du deuxième étage. 
Elle met à l’honneur les peintres de la période Edo dédiées aux femmes dans leur diversité. 
Les femmes dans leur quotidien au travail sont représentées entre autre par deux belles estampes liées aux aliments comme les pêcheuses d’abalone d’Utamaro et ces femmes pêcheuses ama qui plonge pour cueillir des algues, des pieuvres, des oursins, des ormeaux, des huîtres. 
Des femmes dans leurs loisirs en promenade, en pique-nique sous les cerisiers en fleurs ou en banquet. 
J’ai aimé particulièrement l’estampe « banquet dans le jardin de lespédèzes » de Katsuwaka Shuncho de l’époque Edo. Il y a aussi la femme érotique évoquée à travers les objets liés à leur intimité, avec ces « images du printemps (chunga) » qui dévoile leur sexualité, un « pur miroir » du désir pour les hommes. 
Ces « images du printemps », l’espace érotique, presque théâtrale, est mis en scène par quelques accessoires : les lanternes, le personnage qui épie, l’écran qui ne cache qu’à peine la scène qui se déroule derrière lui, la moustiquaire. Cette dernière apparaît à de très nombreuses reprises comme un élément scénique du désir. 
Parfois, le filet de pêcheur en tient lieu ! L’exposition nous rappelle aussi qu’avant l’ère Meiji, le rapport au corps et à la nudité était très différent et décomplexé. Il existait même un guide des maisons vertes (les maisons de plaisir) dès le 18ème siècle rendu célèbre en France par Edmond de Goncourt qui publia « Outamaro, le peintre des maisons vertes » en 1891. 
Dans de nombreuses estampes, on voit des femmes mordre un papier. Il s’agit du nuguigami, ancêtre du mouchoir à papier jetable. Un mouchoir mordu est à la fois signe de plaisir pour atténuer le bruit de leurs émois et pour leur hygiène. Autant de muguigami froissé sur le sol sont autant d’orgasmes obtenus !

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