Cette exposition inédite au musée du quai Branly à Paris, intitulée « Sur la route des chefferies du Cameroun : du visible à l’invisible », nous invite à découvrir l’art des chefferies établies dans les hauts plateaux des Grassfields, une région située à l’ouest du Cameroun.
Plus de 200 œuvres de ce patrimoine historique et encore vivant du XVIème siècle jusqu’à nos jours s’offrent à notre regard entre architecture monumental, forge, perlage, sculptures sur bois, production textile, masques, fétiches, totems, trônes, danses ! des pièces d’une beauté renversante !
Derrière tout ce décorum, se dessine le rôle du personnage central de la chefferie, « le chef », investi de pouvoirs quasi-divins. Il veille au respect des traditions, sert de lien entre le monde des ancêtres et des vivants. Autrefois, il était le maître de la guerre et de la justice, aujourd’hui, il veille à la sécurité et au bien être de la population de sa chefferie. Il règne avec les notables, les reines et les sociétés sécrètes ! Dès nos premiers pas dans cette exposition, nous rentrons directement dans une chefferie avec la porte du Palais surmontée de neuf toits coniques, symbolisant le Conseil des neuf (un conseil de notables, politique, religieux et administratif).
Une fois la porte du Palais traversée, nous découvrons des deux côtés des résidences et des cases des sociétés secrètes avec des murs ornés de fresques colorées, représentant le fo (le chef) et ses notables, des lions, des éléphants, des scènes de vie de la chefferie. L’architecture impressionnante de la chefferie reflète la cosmogonie des peuples des Grassfields.
La cour centrale est l’axe de vie où se rejoignent les forces vitales qui constituent l’équilibre de la société : les ancêtres, les humains, les totems liés au monde animal.
Derrière le Palais, se trouve la forêt sacrée où seuls les initiés ont le droit d’entrer. Sur tout le parcours de cette immersion, il n’y a aucune référence explicite dans les rituels du boire et du manger dans ces chefferies.
Je me suis raccroché sur la piste des calebasses rituelles et trouve une boisson. Sur celle conservée dans le département de Ndé, il y a la note suivante : « Cette calebasse sacrée est utilisée d’une part dans le cadre du rite en prélude à l’organisation de la chasse, d’autre part pour contenir le liquide de vérité (gwe) lors des séances de justice traditionnelle. Ce liquide doit être bu par l’accusé comme par le plaignant après prononciation des formules consacrées. En temps de guerre, tout solde prête serment devant cette calebasse en buvant un peu de ce liquide ». Les calebasses sont peintes de nombreux symboles, décorées de perles symboles de richesses, et des cauris, des petits coquillages qui servaient de monnaie.
La collection des trônes des chefs est aussi impressionnante. Décorés de défenses d’éléphants, de peau de panthère, ils font partie des trésors royaux, symbole du pouvoir et de la sagesse. Avant de faire le voyage jusqu’à Paris, des rites traditionnels ont « apaisé » les objets.
Certaines pièces « chargées », c’est-à-dire qui ont un pouvoir magique, rituel et spirituel important pour la communauté, n’ont pu sortir du Cameroun. Nous avons la chance d’en découvrir une pièce « chargée » exposée dans l’exposition, celui du totem d’éléphant !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire