samedi 17 novembre 2012

Les expressions autour du beurre.

 
A l’occasion de l’exposition Beurre Beurre Beurre à la Milk Factory à Paris, revoyons ensemble nos expressions françaises riches en beurre !
Le beurre occupe dans le discours symbolique une place considérable dont les proverbes et expressions populaires révèlent la richesse, la polysémie, les ambiguïtés. Ils s’organisent le plus souvent autour de la notion d’opulence. Ancrées au plus profond des consciences, ces expressions ont souvent survécu. On parle de « mettre du beurre dans les épinards ». L’origine en serait un peu obscure si les cuisiniers n’avaient pas l’habitude d’appeler les épinards « la mort du beurre » tant il est vrai qu’ils en absorbent beaucoup.
Un grand nombre d’expressions renvoie à l’argent : « y aller de son beurre », c’est ne pas redouter la dépense, au profit, plus ou moins licite : « faire son beurre », « beurrer son pain ». En argot, un beurrier n’est-il pas un banquier plus ou moins malhonnête. La source des profits est « l’assiette au beurre ». Les dictons insistent sur la nécessité de payer le beurre à juste prix. Hors de question d’« avoir le beurre et l’argent du beurre », autant dire tout pour rien. « On ne saurait manier le beurre qu’on ne s’en graisse les doigts », « Qu’à manier le beurre, il en reste au doigt » dénoncent les compromissions inévitables quand on est engagé dans une affaire louche.
Les connotations peuvent se faire plus sombres encore. « A voir du beurre sur la tête », c’est avoir des crimes sur la conscience.
Parfois le beurre peut désigner un mauvais pas dont il faut se méfier « son beurre ne sent que le pot » ; il évoque ailleurs le superflu ou le gaspillage.
« On ne doit pas manger son beurre avant son pain ». L’antinomie symbolique beurre et pain mérite une attention particulière, ce dernier désigne l’effort, une richesse bien palpable, une certaine sécurité, alors que le beurre évoque le leurre, les mirages, les chimères. « T erre de beurre, elle fondra au soleil ». Son moelleux, sa plasticité gouvernent le sens d’expressions telle
« C’est du beurre ». Il est associé à une certaine volupté de goût, plus rarement, il peut acquérir des résonances érotiques : « aller au beurre » !
Toutes ses propriétés, tous ces états sont susceptibles de transfert symbolique « avoir des mains de beurre » ou molles, « avoir un oeil au beurre noir » allusion à la couleur d’un œuf frit ! Et c’est certainement à des conditions de conservations difficiles dans notre histoire qu’il faut attribuer des expressions comme « compter pour du beurre » pour désigner un fille demiperdue, à sa cherté « gros comme deux liards de beurre »… Et que dire de celui qui n’a pas « inventé le fil à couper le beurre », considéré comme sot.

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