samedi 19 avril 2014

Les saveurs des « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez

El amor es tan importante como la comida. Pero no alimenta.
(Gabriel García Márquez)
Cent ans de solitude, de Grabriel Garcia Marquez, était l’un des romans préférés de mon adolescence. J’étais à la fois séduit par son histoire, celle de la famille Buendia sur six générations dans le village imaginaire de Macondo, par son style narratif (appelé par les spécialiste le narratif magique), mais aussi par toutes ces saveurs qu’il offrait. Ce village fondé par plusieurs familles était conduit par José Arcadio Buendia et Ursula Iguaran. Etant un couple de cousins, ils avaient eu peur que leurs enfants naissaient avec une queue de cochon à cause de leur parenté ! Ursula était la matriarche de cette famille. Elle vit plus de cent ans et était à la fois l’âme du foyer et de la cuisine. C’est avec son histoire que nous découvrons aussi ce que mangeaient et buvaient les personnages du roman, de la construction du village de Macondo, de l’apogée de son développement social, économique et politique, jusqu’à sa décadence. Lors de leur fuite pour atteindre Macondo, José Arcadio et Ursula survivaient en mangeant de la viande de singe et de la soupe de serpents, des nourritures de nature sauvage, considérées comme impur qui ravageaient leur estomac. Au moment de la création du village, les aliments consommés étaient locaux et provenaient directement de la nature proche. Au fur et à mesure de son développement et de son ouverture vers l’extérieur, les aliments et les recettes  se diversifiaient et s’enrichissaient de produits et de savoir-faire extérieur. Ce qui ne changeait pas, c’était la passion du café noir de tous les Buendia, consommé sans sucre. Au début du roman, c’était la saveur du basilic qui accompagnait les productions du jardin d’Ursula et des viandes issues de son petit élevage : chèvre, porc, poulet. L’odeur de ce basilic s’imprégnait même dans ses vêtements. Leur goût pour le gibier restait intact. Lorsqu’ils tuèrent un cerf, ils avaient rôti une partie et conservaient l’autre partie dans du sel. En tournant les pages du roman, Ursula diversifiait aussi les productions de son jardin avec l’aide de ses trois enfants : la banane, le manioc, l’igname, la courge et l’aubergine faisaient leurs entrées dans les recettes familiales. Dans sa fonction nourricière, Ursula savait aussi guérir avec ses aliments. Pour remédier à la mauvaise habitude de Rebeca de manger de la terre et de la chaux, elle lui préparait une potion de jus d’orange et de rhubarbe. Pour lutter contre la peste de l’insomnie, elle proposait une décoction d’aconit. Cette connaissance de la valeur médicinale des plantes, Ursula l’avait appris de sa mère. C’était aussi une vraie femme d’affaires lorsqu’elle ouvrit son commerce de bonbons en forme d’animaux, dont les bénéfices contribuaient à la construction de leur maison. Au moment de l’apogée du village, Ursula se lançait aussi dans la confection des pâtisseries avec les meringues, les biscuits, les puddings. Pour accompagner des biscuits, elle servait une gelée de goyave, ou de dulce de leche (la confiture de lait). Avec les générations qui suivaient, les arts de la table devenaient plus sophistiqués et devenaient presque un cérémonial, avec sa table nappée, son argenterie. Tous les ingrédients de la Colombie étaient conviés à ces tables gourmandes, cochon de lait rôti, pintade rôti, ragoût de viande, bananes cuisinées comme la banane frite, riz créole, macaroni,  ignames, maïs, autres légumes et fruits exotiques ! Le Rhum macéré dans du réglisse, du vin rouge et blanc servaient d’accord mets et vins. Les personnages buvaient même du Champagne ! Relisez ce romand, er replongez-vous dans ces saveurs de Macondo !


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