C’est l’un des chefs les plus doués de la « jeune
génération de cuisiniers » et l’un des plus talentueux. Après avoir brillé à l’Agapé Substance et
encensé par la critique, David Toutain a pris une année sabbatique en faisant
le tour du monde chargé de découvertes culinaires. Depuis décembre 2013, il est
de retour sur Paris et a ouvert enfin son restaurant éponyme qui ne cesse de
faire le plein.
Pour cette raison, je ne voulais ce matin sous aucun prétexte
rater sa master class à l’Omnivore World
Tour Paris pour apprendre un peu de sa sensibilité et de sa technicité. Je
n’étais pas déçu. C’est l’un des chefs actuels que j’admire le plus. De 10h40 à
11h15, il a réalisé deux plats avec son cuisinier Justin.
Oursin de Galice, nectar d’oignons des Cévènnes, purée de pomme de terre
Le nectar d’oignon est cuisiné avec des oignons coupés en
deux avec la peau juste cuite au BBQ à 120°C pendant 1h30. Puis, ils sont pressés
sous un poids pour délivrer « leur nectar », un concentré de saveurs
douce, de grillé et de fumé. Le nectar d’oignon est juste lié au kouzou, une
fécule d’origine japonaise pour une texture sirupeuse.
Les oursins sont juste tiédis aussi au BBQ avant d’être
ouvert en récupérant les langues.
Du jus d’oursin est mixé avec du riz, aplati en feuille puis
séchée au four. Ces feuilles d’oursins croustillantes sont passées à la friture
à 160°C pour leur donner une belle coloration.
Pour la purée de pomme de terre, les pommes de terre sont
cuites au four, séchées au four avant d’être liée avec du lait et du beurre
salé.
Pour le montage dans l’assiette, la purée de pomme de terre
tapisse le fond, arrosée de nectar d’oignon, puis parsemée ici et là de langues
d’oursin et de crispy oursin riz.
Calamar, lard de Colonnata, jonquillo del mar
Le calamar une fois salé est mise au congélateur pour l’attendrir
grâce à la cristallisation de son eau de végétation. Une fois décongelé, il est
taillé en lanière au couteau. Au moment
du service, il est additionné d’huile d’olive et travaillé à une température de
63°C en malaxant à la main pour lier les deux ingrédients comme dans une
mayonnaise grâce à l’action du collagène du calamar. Puis, il est enrichi de
fines lanières de lard de Colonnata. L’ensemble est dressé sur assiette avec
des fines copeaux de noisettes, une herbe aromatique jonquillo del mar à la
saveur de crevette et de coriandre, d’une huile de jonquillo del mar
(confectionnée avec du jonquillo del mar macéré dans deux fois son volume d’huile
à 50°C), puis d’une mousse de passion pour la note acide. Cette petite mousse,
il en avait eu l’idée ce matin même, avant de passer sur la scène !
Je suis tout simplement époustouflé par tant de savoir
technique, tant de réflexion qu’il nous délivre avec simplicité et
générosité. Au-delà du cheminement pour
construire ses recettes entre texture, couleur, saveur, esthétisme, il va jusqu’à
travailler la forme et le toucher de ses assiettes pour sublimer ses plats. L’assiette
qui présente le premier plat à une texture rugueuse et invite tout simplement à
passer son doigt gourmand pour ne laisser aucune miette dans l’assiette. Dommage qu'on ne puisse goûter !
Pour mieux connaître son parcours, son univers culinaire,
lisez son dernier livre « David
Toutain » aux éditions Argol qui vient de paraître. Il sera le 21 mars
2014 au Salon du livre à Paris à l’espace conférence de 17 à 18 heures avec
comme thème « David Toutain à
livre ouvert » d’après son livre aux éditions Argol.
Son restaurant David
Tourain est au 29 rue Surcouf, Paris 7ème.
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