Connait-on vraiment le roi Louis XIV sans avoir lu le
livre de Stanis Perez, « La santé de Louis XIV » ? La réponse est
non, tant ce livre inhabituel, qui nous livre son journal de santé de sa jeune
enfance jusqu’à sa vieillesse passée en chaise roulante dans les jardins de
Versailles écorne quelque peu l’image d’un roi robuste, véhiculé par les
portraits royaux. Les ennuis de santé de Louis XIV, nous en savons tout, grâce
au « Journal de santé de Louis XIV » tenu à partir de 1652 par
Antoine Vallot, son premier médecin, poursuivi par ses successeurs Daquin et
Fagon. Comme dit Saint Beuve à l’époque « On y voit tout, on y
sait tout, on y dit tout ; on y assiste aux consultations et à leur résultat ;
on y a la formule des purgatifs divers, des pommades, emplâtres, lavements,
etc. (...) Oh ! la misère pourtant que d’être ainsi
exposé des pieds jusqu'à la tête à la postérité !". Sa première maladie grave remonte à l’âge de
20 ans en 1658 lorsqu’il attrapait sans doute une fièvre typhoïde, où durant
quelques jours, on craignait le pire pour la couronne. La liste de ses principales
maladies est connue : petite vérole à 9 ans, tumeurs aux seins à
15, blennorragie à 17, dysenterie à 22, rougeole à 24, fistule anale à 47. En 1686, il commençait à perdre ses dents,
souffre de coliques néphrétiques, de vers solitaires, d’embarras gastrique et
de terribles crises de goutte dues à une nourriture surabondante et riche !
Le chapitre 5 « Une alimentation et un régime de vie hors du commun »
parle de cet appétit du roi, à l’origine de ses nombreux maux. . "J'ai vu souvent le roi
manger quatre pleines assiettes
de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, une grande assiette de
salade, deux grandes tranches de jambon, du mouton au jus et à l'ail, une
assiette de pâtisserie, et puis encore du fruit et des oeufs durs",
s'étonnait par exemple la princesse Palatine. Elle ignorait que si Louis XIV
était un gros mangeur, c'est d'abord parce qu'il était rongé par le ver
solitaire ! Le roi de France n’est pas un malade comme les autres, dans la
mesure où de sa bonne santé, dépend le sort de l’Etat. Les médecins recherchent
en permanence à ménager ce corps, à la fois banal et sacré, entre les banquets
gargantuesques et les menus allégés, entre les prouesses physiques et les repos
forcés. Déjà à l’époque, la communication sur la santé du Roi était une affaire
d’Etat pour préserver son image de grand roi robuste ! Chacune de ses guérisons était fêtée dignement. On note à travers les anecdotes la
robustesse du roi devant la souffrance, qui malgré ses multiples maladies meurt
à l’âge de 78 ans, ce qui était exceptionnel à l’époque.
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